vendredi 30 mai 2008

LE PRINCE DE L'ATTENTE




l’autre jour à l’institut Pasteur
pendant que j’attendais dans la salle
d’attente

un type tout noir est arrivé
tout grand
tout formidablement bien habillé
qui salua la salle d’un grand sourire
tout blanc
auquel personne ne répondit
sauf moi

j’aime les salutations

il s’est assis, ce type

une minute, je regardai ses chaussures pointues
une minute, je regardai une chaîne en or, à son poignet

et puis, on m’appela
et j’allai répondre aux questions
et donner du sang pour analyse

la médecin m’a dit
que j’avais la santé d’un jeune homme, cœur, tension
ce qui veut dire,
que j’en suis encore un

jeune homme.
Mais moi, je rêvais déjà
que j’étais un grand type tout noir
au nerf formidable
au vêtements en or
aux sourire pointu
au bonjour tout blanc
de silence,
un prince de l’attente



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[Image : L'hôtel d’en face par reading_is_dangerous]

mercredi 28 mai 2008

LE CŒUR EST UN OS



Le cœur est un os
Nu
Il pousse au soleil
Sur les toits de l’amour
Et c’est un seul nerf formidable
Qui le relie au ciel

Le cœur est un os
Quand il tombe des toits et se brise
On le remet –
Des morceaux collés autour d’une fracture
La soudure fait preuve de bonne volonté
Mais le nerf formidable, tout coincé…

Le cœur est un os
Nu
Effronté
Qui fait semblant d’être un muscle
Qui fait semblant de passer du sang
Tout seul ou presque, sur les toits de l’amour



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[Image : Avec le nerf formidable par reading_is_dangerous]

lundi 26 mai 2008

HEROS




Moi qui ne crois pas au temps ! En ce moment,
Il me rattrape

Le matin, il fait de moi un homme
Veut, veut pas,
Et même le héros de mon enfance
Lui qui sommeille en moi
Se lève
Bondit

En lui, cette question :
Dans quelle direction aller
Plus vite que le temps ?



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[Image : Méditation par reading_is_dangerous]

dimanche 25 mai 2008

504




Des fleurs, ce matin
Dans le car qui transportait les passagers de l’avion

Des fleurs de soi
Je ne voyais que des fleurs ; pas des hommes ou des femmes

Ce qui distingue apparemment l’être humain de la plus grande partie du règne animal, c’est cet outil : le mot, lequel peut être manipulé silencieusement par le cerveau, de sorte qu’un dialogue intérieur est possible, et c’est cela, c’est ce dialogue intérieur qui donne aux fleurs humaines cette illusion qu’elles sont l’incarnation d’une personne extérieure au monde.

Il faut pourtant se livrer à soi-même
Trouver l’hôtel de soi
Louer une simple chambre de soi, la louer à une partie de soi

Une chambre à deux étoiles (?)



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[Image : Vue de chambre par reading_is_dangerous] (Quelques minutes plus tôt)

vendredi 23 mai 2008

TRENTE-CINQ





Le matin vous attrape. Il fait de vous un homme ou une femme, et puis la vie continue sans s’intéresser vraiment à vous, cependant que votre être profond rêvait peut-être qu’il était une feuille de citronnelle ou le ruban doré qui attache la natte des cheveux de basilic pourpre d’une danseuse étoile, la reine d’un monde lointain, le matin de son anniversaire. Elle a trente-cinq mille ans.



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[Image : Saveurs anniversaires par reading_is_dangerous]

mardi 20 mai 2008

JE VOUS PRESENTE LA LUNE




Je vous présente la Lune. Elle sort de chez elle, de derrière la maison, oublieuse du jour, pendant la nuit. C’est minuit passé. Les automobilistes se hâtent. Les petits enfants dorment.

La télévision russe diffuse une discussion au sujet de l’expérience du baiser dans la littérature. La transmission de l’humidité, la chute des corps, le système lunaire : Personne n’y comprend vraiment quoi que ce soit. – Quand une dame baise la main d’un homme, c’est du sérieux, dit l’animateur. – Votre cameraman m’a baisé la main, avant le début de l’émission, dit une jolie jeune fille à qui on a prêté le micro. Elle est rousse, rose, blanche, bleue, et elle ajoute : Mais je n’ai rien senti. – C’est une affirmation typique de nos jeunes actrices, dit une femme plus âgée. – Celles de la nouvelle génération, précise-t-elle.

La Lune est cette chanteuse qui traverse le ciel sans sentiment. Son visage céleste paraît depuis des millions d’années sur la scène de la conscience animale. Les chiens hurlent pour l’accompagner, cependant que les princes s’interrogent. L’un d’eux, peu importe son nom, s’est rendu infâme en épousant une jument. – Je vous présente mon épouse, la Lune, annonça-t-il à la cour rassemblée de la noblesse. Son monde alla se noyer dans l’étang le plus proche.

Je bois du thé vert. Près de ma tasse vide, il y a mon nouveau portefeuille (il est muni d’une chaîne), un appareil photo (Sony cyber-shot DSC-W125) et son étui en cuir, la lettre “v” du clavier de mon ordinateur, brisée, une flashcard (une carte éclair?), cadeau de bienvenue de mon nouvel employeur, Médecins Sans Frontières, un billet d’entrée pour la galerie nationale de l’Arménie, une lampe électrique, un sous-verre en bambou, une télécommande (celle du DVD), une copie des Fleurs du Mal de Baudelaire (ce livre est ouvert à la page 54, et je lis : « Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire? »), une copie de Perfectionnement Espagnol de la méthode Assimil, deux feuilles blanches, vierges, format A4, une copie du Nouveau Testament en arménien, reliée en cuirette sanguine, une Bible en russe, verte, un cahier spirale, un copie du Petit Littré (herboriser : aller dans les champs recueillir des plantes), un dictionnaire français-arménien décoré d’une reproduction d’un tableau de Picasso (une saltimbanque), un vieux téléphone mobile, les poèmes de William Blake (Eternity is in love with the productions of time), un recueil de poésie, Les Poètes du Grand Jeu (Trop longtemps solitaire, l’homme perd sa face - Gilbert-Lecomte), des Poésies de Claudel (Tout un monde intérieur avec un soleil qui marche tout seul...), des nouvelles de O. Henry (“By the deported snakes!” he exclaimed…), des poésies de Nietzsche, (O vieux amis, voyez votre pâle regard…), une copie du Barbare en Asie de Henri Michaud (Naturellement, un éléphant, on ne peut jamais s’y fier) et une publication au sujet de Michaud, du Ministère des Affaires étrangères, (Il [Michaud] désire suspendre toute référence à notre monde, à son histoire, à sa géographie).

Sur ma table, il y a aussi une copie d’Ailleurs, de Michaud, (Un Mage ne doit-il pas en savoir plus qu’un veau?), et La terre nous est étroite de Darwich (Lune après Lune dans la ruelle de l’aimée), et un poème de Jacob Zvi-Sharguel,

Merveilleux
Le soir de blanche et pleine lune,
La voix lactée déborde un horizon de feu,
La piste du désert n’a pas de bornes –
Front contre front

…qui m’a inspiré ce texte, après l’entrée en scène de la lune. J’ai choisi au hasard tous les extraits cités, sauf un.

Sur ma table, il y a encore ce livre, des entretiens avec Rony Brauman (La neutralité n’est pas un principe humanitaire…) et un dictionnaire russe-français de 50 000 mots, la 11e édition stéréotypée, publiée sous la rédaction de l’académicien L. Sherba, à Moscou, en 1983, en collaboration avec Matousevitch, et un dictionnaire arménien-russe, publié à Erevan en 1984… Un vase en bois contient ici des stylos, des crayons, et une baguette de verre terminée par un dromadaire orangé, aux yeux noirs.

Un dromadaire sous la lune
Avalait du feuillage et des livres
Avant de s’en aller, complètement ivre
Arpenter un grand désert nocturne

Faire long, faire court
Mais faire juste.



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[Image : La comédienne par reading_is_dangerous] (Celle de cette nuit)

samedi 17 mai 2008

ORAGE DES MOTS





Mille mots par jour, si je pouvais les écrire, j’arriverais quelque part, en un lieu sans plafond, en un lieu où je pourrais dresser ma tente, la tente que j’aurais fait faire pour moi, car je ne saurais pas la confectionner moi-même, la coudre, mais je sais coudre, j’ai appris à coudre par moi-même quand je confectionnais des cerfs-volants, grands cerfs-volants, beaux cerfs-volants qui ne volent plus, parce que je me suis épuisé à les lancer au bout du vent, lequel tirait avec de plus en plus de force, comme pour m’emporter avec lui, pour m’arracher le bras, pour me prendre la force, le muscle, l’os, le nerf, le serpent du bras qui voulait se lover autour de ta taille. Est-ce qu’on confectionne une tente ? Ou est-ce qu’on la fabrique ? Ou est-ce qu’on la fait ? Est-ce qu’on dresse une tente ? Ou est-ce qu’on la monte ? Je me souviens de ces étés de ma jeunesse, quand nous montions la tente dans le jardin, que nous appelions la cour, ce carré de pelouse que nous appelions gazon, derrière la maison que nous appelions « chez nous », quand c’étaient des champs de maïs, trois champs de maïs qui s’étendaient jusqu’à l’horizon, une rangée d’arbres, et depuis ce côté-là ou cette direction ou bien ce ciel, ils nous venaient les orages électriques qui faisaient toujours ma joie, parce que j’aimais le tonnerre et les éclairs, le vent, et avant leur spectacle, l’odeur caractéristique de la pluie qui s’en vient, et la grisaille des nuages, et l’attente, les minutes chargées de questions, l’orage sera-t-il gros, va-t-il durer longtemps, la tente sera-t-elle arrachée, faudra-t-il courir après elle dans les rues du village, mais ce n’était pas vraiment un village, ce ne l’était plus, ce n’est l’est plus, mais ce le fut.

Mille mots par jour, pour décrire des choses vues, des sentiments, des ponts de traversée entre un moment et un autre, des mots rares, des mots tirés du vieux dictionnaire que j’emporterai peut-être avec moi en voyage, ce voyage que je n’ai pas voulu, ce voyage qui me rappelle que je ne suis pas ce voyageur qu’on pense, mais cet homme qui voulait simplement être ailleurs, aller une fois, ailleurs, pour vivre ailleurs, sous un ciel nouveau. Il doit y avoir plusieurs sortes de gens, celles qui veulent rester sur place, d’autres qui aiment bouger, et une troisième sorte qui se déplace une fois ou deux pour aller vivre ailleurs ou à une autre heure, car nous ne pouvons pas tous vivre en même temps, au même endroit, de la même manière, en tout cas nous ne le faisons pas.

Mille mots. Il faut me pardonner ce texte, ces phrases imprécises, incapables de dire ce que j’ai à dire. Des phrases sans effet. Des phrases qui collent à ma pensée. Des phrases qui descendent en cascade depuis la hauteur modeste du plafond pauvre de mes pensées, des phrases qui se jettent en cascade vers le bas, jusqu’en bas de cette page, cette vallée, ce lit, ce delta, ce fond. Je descends. Je diminue : J'arrive à un peu plus de cinq cents mots, en trois paragraphes, écrits en dix minutes. Je prends des notes. « Rester sur place, » ah ! ah ! ah !



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[Image : Hublots des mots, et croix par reading_is_dangerous]

vendredi 16 mai 2008

AINSI PARLAIT IWI ACKLENSIJ




– Le meilleur ami de l’Homme, c’est la chose. – Ainsi parlait Iwi Acklensij lorsqu’il quitta son appartement en ville pour aller se frotter à l’humanité, laquelle n’existe bien sûr qu’en imagination. Elle n’est qu’une idée, un manteau jeté sur les épaules d’une masse composée d’êtres sensibles et d’autres qui ne le sont pas ou presque. En effet, il semble impossible de parler de ce mélange sans connaître un long frisson.

– Le meilleur ami de l’Homme, c’est la chose.
– Iwi Acklensij le répétait sans s’adresser à personne. Il avait des petits yeux gris, de métal, des lunes de plomb enfoncées dans le ciel gras d’un visage rose-jaune où poussait la colline du nez, laquelle avait le dos rond – Iwi avait lui-même le dos rond, et le ventre rond, et les mains rondes... On imagine aisément qu’il avait aussi le sexe rond ; son organe était une rondelle adaptée idéalement (!) à son œuvre, car cet homme voulait faire des enfants, et il lui semblait que la rondeur de son instrument convenait parfaitement au projet de transformer des ventres plats en ventres de rondeur. Mais pour cela, il fallait que Iwi Acklensij connaisse mieux la femme, laquelle voyageait souvent en compagnie de l’homme, et ces deux êtres ensemble, la femme et l’homme, et multipliés presque à l’infini, cela faisait l’humanité, cette masse mouvante à la surface d’une sphère impitoyable, la Terre, cette chose.

– Le meilleur ami de l’Homme, c’est la chose, se disait Iwi Acklensij. Il ne savait rien. Il détestait tout. C’était un 15 mai, deux mille …, à Paris.



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[Image : Le pouvoir de la chose par reading_is_dangerous]

jeudi 15 mai 2008

LA FACE ROUGE




Faut-il écrire pour être compris ? La question se pose, parce qu’on me dit parfois que mes phrases ne mènent à rien. Je vais donc faire un essai. Je vais vous raconter quelque chose. L’épuisement descend sur moi. Je viens de perdre de l’argent, mais ce n’est pas le pire. Des formules cauchemardesques attaquent mes pensées. J’avale des langues. Je déchire des dents. Je mange des dévorures. Une sorte de mal vit dans mon estomac.

L’épuisement m’a retourné. La nuit passée, je me jetais dans le vide, du haut d’un immeuble, pour montrer à quelques personnes curieuses comment on peut voler dans les airs, cela à condition de ne pas craindre de s’écraser au sol. Je volais, mais aujourd’hui on m’a volé, volé de l’argent. On a profité de la grande fatigue qui me tenait l’esprit.

Faut-il écrire pour être entendu ? Je crois que non, parce que depuis le temps que l’être humain discute avec lui-même, l’humanité échoue à comprendre des vérités simples et formulées clairement. Tu ne voleras point.

L’autre jour, avant de partir, avant de prendre l’avion, j’ai fait ce cauchemar dans lequel je me voyais à bord d’un avion en train de tomber. – Un avion n’est pas un simple autocar, me disais-je en rêvant. Nous voulons bien croire le contraire. J’ai pris néanmoins l’avion, mais je suis finalement tombé. L’épuisement m’a frappé au moment où je m’y attendais le moins. Il a suffit de quelques minutes. – Pouvez-vous m’aidez? m’a demandé un homme, un Italien, agent de commerce. Il m’a volé. Qu’il tombe à son tour ! Quand il verra ma face rouge...



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[Image : J'avale des langues par reading_is_dangerous]

mardi 13 mai 2008

EFFIGIE




L’œil gris de tes cuisses
Et la promesse de ton ventre d’encre
Et le silence blanc de tes mains
Et ta poitrine aux bras légers
Et ton cœur sans visage
Ont donné jour au papillon de nos nuits –
Une chauve-souris l’a happé en rêve.

J’étais un chemin de rues, une invitation
Et toi la beauté d’une vitrine, et figée



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[Image : Chez Miu-Miu, rue d’Alger par reading_is_dangerous] (le 11 mai 2008)

vendredi 9 mai 2008

ANIMA



âme

L'âme, selon certains courants religieux et philosophiques, est le principe vital, immanent ou transcendant, de toute entité douée de vie, pour autant que ce principe puisse être distingué de la vie-même.

Le terme provient du mot latin
anima qui a donné « animé », « animation », « animal ».

On la définit souvent comme la capacité à ressentir, à s’émouvoir, elle est alors une caractéristique propre à l’Homme, aussi peut-elle se personnifier en mythologie par Psyché, (gr: Ψυχή qui * signifie
souffle). Elle est souvent confondue avec l'ensemble des fonctions psychiques constituant la psyché, instrument qu'elle "anime".

L'homme est porté à attribuer de préférence une âme à ce qui change et évolue avec une certaine autonomie, mais par extension, tout élément naturel, par exemple une montagne, peut être investi d'une sorte de conscience avec laquelle il est d'une façon ou d'une autre possible d'interagir. Ce comportement s'il est partagé par l'ensemble d'une culture s'appelle animisme. Dans ce paradigme, chaque entité est douée d'intentionnalité, ce qui donne lieu à l'émergence de rituels pour se concilier ses faveurs. -
Wikipedia, âme


théorie de l'âme

Pour Platon, l'âme est un être apparenté aux Idées ; elle a un mouvement propre ; elle est immortelle. Elle se divise en trois parties :
  1. le noûs (ou « logismos ») est l'élément rationnel;
  2. le thumos, appelé parfois élément irascible, pourrait être traduit par « cœur » ; il est cette partie de l'âme susceptible d'emportement, de colère, de courage;
  3. l'épithumia, ou élément concupiscible, est le siège du désir, des passions.
La vie bonne suppose que s'établisse, entre ces trois parties de l'âme, une hiérarchie : le noûs gouverne le thumos, qui gouverne l’épithumia. Chacune de ces parties possède ainsi une vertu qui lui est propre : la sagesse, le courage et la tempérance ; l'harmonie de ces trois parties est la vertu de justice. - Adapté de l'article de Wikipedia, au sujet de Platon


esprit

L'esprit est constitué par l'ensemble des facultés intellectuelles. Dans de nombreuses traditions religieuses, il s'agit d'un principe de la vie incorporelle de l'être humain. En philosophie, la notion d'esprit est au cœur des traditions dites spiritualistes. On oppose en ce sens corps et esprit (nommé plus volontiers conscience par la philosophie et âme par certaines religions. En psychologie contemporaine, le terme devient synonyme de l'ensemble des activités mentales humaines, conscientes et non-conscientes.

En métaphysique et dans les religions, le mot
esprit désigne normalement l'élément immatériel incarné en l'être humain.
- Wikipedia, esprit



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[Image : L'un des quatre chatons de Emailka, chatte siamoise, par reading_is_dangerous] (9 mai 2008) Il est âgé de 10 jours ; c'est un mâle. Une photographie de la chatte avec ses quatre petits est exposée ici.

mercredi 7 mai 2008

IL IMAGINE


Il imagine un être parfaitement linéaire, dont la grandeur varie dans le temps de telle sorte qu’un lundi, cet être mesure trois pommes, et le mardi, cinq, et le mercredi, deux, et ainsi de suite ; seule sa grandeur varie. Cet être linéaire vit dans un monde qui lui parait fait d’une seule dimension de l’espace, à laquelle s’ajoute la dimension du temps.

Il imagine ensuite un être plat dont les mouvements se limitent à deux dimensions, de telle façon qu’on pourrait projeter sa position sur un graphe à trois axes dont le troisième serait appelé : Le temps.

Il imagine ensuite un être en trois dimensions, et dont les mouvements se limiteraient aux trois directions appelées longueur, largeur, et profondeur, de telle façon qu’on pourrait projeter sa position sur un graphe théorique à quatre axes dont le quatrième serait appelé : Le temps.

Il imagine ensuite un être conscient de lui-même dans un espace composé de quatre dimensions appelées longueur, largeur, profondeur, et l’autre, de telle façon qu’on pourrait projeter sa position sur un graphe à cinq axes dont le cinquième serait appelé : Le temps.

Il imagine finalement un être libre de ses mouvements dans un espace composé de n dimensions dont les noms n’auraient pas tellement d’importance sauf celui de la dimension n+1, laquelle serait appelée : Le temps.

Il est bien sûr que des particules capables de se déplacer librement dans un grand nombre de dimensions ont peu de chance de se rencontrer assez souvent pour donner naissance aux structures complexes et sans lesquelles la conscience de soi paraît difficilement possible. Il en déduit qu’il est peu probable qu’un être puisse consciemment faire l’expérience de l’univers ailleurs qu’au sein d’un système dont la majorité des dimensions de l’espace ne permet aucun déplacement ou presque. Autrement dit, le temps est l’horizon de l’espace au-delà duquel il nous est impossible d’aller sans nous perdre à moins de le faire en imagination.

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[Image : Le Bras droit de sa Conscience de soi plongeait dans l’Obscurité de la Nuit par reading_is_dangerous]

lundi 5 mai 2008

LA BARRIERE INSURMONTABLE DU TEMPS




Le poids de la nuit
ou l'écrasement des écrasements :
sous la montagne des compliments de rigueur
ma plume poussait du sable.

La neutralité des surfaces
ou le désert étroit de l'instant :
au creux d'un pavillon de sel
mon couteau traçait le dos de la mer.

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[Image : Le dos de la mer par reading_is_dangerous]

samedi 3 mai 2008

LA MEMOIRE DE L'ETRE




l’âme fait un angle saillant
à la rencontre du temps et de l’éternité

on pourrait aussi bien dire que l’âme joint
l’éternité au temps

la mémoire de l’être n’a qu’une seule partie sensible
et qu’on appelle le corps, celui de l’univers

l’âme ou la mémoire de l’être
vit entre tes doigts
comme ma bouche au sein du temps, un plan



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[Image: Intersections par reading_is_dangerous]

vendredi 2 mai 2008

FAIRE PROVISION





faire provision de soi
au cas où les prix élevés du pétrole et du riz
viendraient à mettre en péril cet approvisionnement si
terriblement essentiel



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[Image : De soi par reading_is_dangerous] (2 mai 2008)