mercredi 2 juillet 2008

VELO D’ANE




Il s’était mis en route, emportant de la fatigue, des doutes, un soupçon, des déchirures, des idioties, des mystères et des conseils inutiles, un peu d’argent liquide pour couvrir sa soif, et des bottines crottées, et des vibrions du choléra, lesquels se trouvaient pauvres et desséchés, mortifiés, inoffensifs, incapables d’opérer.

Il tombait vers sa destination. Cette chute s’accomplissait en silence, car le tombeur s’était interdit d’élever la voix. Il tombait comme ailleurs on poussait des ânes météorites, quand des vers ronds jouaient sous le sol des pieds, quand les corneilles pies pinçaient du bec le bout des arbres à ongles, quand le soleil se roulait innocemment dans la poussière, quand le bois général prenait forme (et son épouse), quand les camions sensibles vibraient d’amour, quand les collines souriaient en affichant leurs bananes d’or, leurs joies sonores, la certitude des monuments qui ne se déplacent jamais autrement qu’avec le globe entier de mes pensées.



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[Image : La brutalité du départ par reading_is_dangerous] (Sur la route de Rutshuru, juin 2008)

1 commentaire:

  1. Fais bien attention pendant la chute n'oublies pas de déployer tes ailes. Avec les ailes de la poésie, on est protégé. Je t'embrasse.

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