vendredi 7 mars 2008

SUSTENTIALISME



= Les mots du ventre =
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Écrire ne suffit pas. Il faut donner à l’écrit une forme qui dépasse la simple juxtaposition des mots sur la pensée.

La nécessité d’atteindre une écriture extraordinaire apparaît à l’écrivain comme au lecteur dès qu’est ressenti le premier effet du plaisir, et puis du soulagement ou de la cicatrisation, s’il y a eu blessure, mais je crois que la forme élevée de l’écriture répond avant tout au besoin de se sustenter. Je dis que la poésie est sustentialiste.

Les mots nourrissent l’esprit autant que l’oxygène, la digestion, les sensations, les sentiments, les souvenirs. Il faut alimenter l’âme avec des phrases vivantes, des textes créatifs, neufs (quelque soit leur âge), clairs, originaux, qui soient sincères ou artificiels, mais dont la beauté, la vigueur ou la sauvagerie sache apporter l’énergie vitale qui est nécessaire à l’esprit. Le mot est une parcelle d’existence, une façon d’exister. On enlace la phrase qui respire, on embrasse le texte qui danse de joie.

Boileau disait : « Le poète s’égaye en mille inventions. »


Les dépouilles des nombreuses phrases mortes, abattues par les virgules du pouvoir (je sais de quoi je parle) sont rendues à leur paragraphe à condition qu’un mot parent accepte d’accuser publiquement les « facteurs indésirables » qui gènent la puissante nomenclature locale. Les académiciens occidentaux soutiennent tacitement ce style répugnant. Mon hypothèse, c’est que cela sert à obtenir le silence d’un spécialiste moscovite qui grognait de mécontentement après qu’on eut vu poindre le bourgeon kosovar. Dépouilles ? Mais quest-ce que je dis ?

Le printemps brille. Je relis à sa lumière cette œuvre pratique d’Henri Michaud : Face aux verrous. En voici un extrait :

De V…

Le Gouvernement ne renouvelle plus les contrats de chaleur. Les dettes de corps ont été augmentées. La psychologie des réduits a été étudiée de façon qu’il n’en reste plus.


Les Officiers de l’Oreille du Cadre veillent.

(1967)

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[Image: Le Sang Sûr Du Centaure ou On déplacera la tête des obstructionnistes par reading_is_dangerous]

4 commentaires:

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  2. Moi, quand je dévore un texte trop vite, j'ai des mots comme "crampes" qui me viennent à la bouche.

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  3. Je suis restée hypnotisée par la censure des mots.

    Et le vétérinaire estropié.

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  4. Nous allons donc continuer à nous nourrir de tes mots, sous peine de mourir de faim. Mais il y a aussi la représentation symbolique par le dessin, la couleur, la forme et je dis que ton illustration, pour ceux qui sont incapables de déguster comme il faut, en les suçant jusqu'à l'os tes mots en fusion, ceux qui sont plus sensibles du regard que de l'esprit,ton illustration donc est une nourriture indispensable.

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