mardi 22 juillet 2008

NOUS APPARTENONS







des ruches, une reine, je me souviens des jours quand nous achetions des essaims... Il fallait trouver la reine, compter les œufs, évaluer la substance du bois, sa capacité à résister à l’invasion

je peignais un numéro sur la ruche bonne, choisie, achetée

quand il faisait mauvais temps, le risque était plus grand de nous faire piquer, parce que les abeilles nerveuses craignaient la pluie

ces années ont passé
aujourd’hui je suis en attente
rêvant d’une maison qui serait la mienne, à nous

où des pièces sombres abritées du soleil
où des avenirs de fenêtres joyeuses pour la lumière

je ferais de la guitare symétrique
un doigt ici
un doigt là
et tes colères, je les apaiserais d’une caresse

nous mangerions du miel
avec les œufs
des poules généreuses

un chat
une nuit
nous apporterait un scorpion
en remerciement des soins donnés
aux petits de sa première portée

je trouverais des mots au télescope
au milieu des étoiles

des mots qui ne serviraient jamais
mais dont la beauté placerait un sourire
au creux de tes mains, mon amour

un ours
dormirait à la maison
en moi, ses griffes

et le foie de l’ours, et sa fourrure
et l’alcool nous serait gai
heureux
sans peur, sans hurlements
sans tremblement

sous les nuages noirs je t’enseignerais
l’art du vol
comme dans les rêves

un seul saut et déjà tu saurais
l’impossibilité du libre arbitre
et la sottise de celui qui estime encore
qu’il occupe le sommet de la Création



là (entends-tu ma voix ?)

tu verrais ces arbres arrivés d’ailleurs
des peupliers venus d’un autre monde, astronautes
des jujubiers, des oucalyptos

dans l’œil du bois, un caramel de soucoupe volante,
un pont
un banc

dans l’œil un banc pour s’asseoir sur la pensée
pas de mot
pas de dessin
mais du mouvement

un photon traversant l’espace, le temps
la particule de lumière pense à sa destination :
droit devant elle, suivant une courbe

les arbres de l’espace
les êtres humains agités de-sur la Terre
des feuillages dont l’une des qualités
est de faire référence à eux-mêmes

et quand tu meurs vient la soudaine transformation
d’un objet conscient de lui-même
en un objet inconscient








tu sais que
nous appartenons à ce qui vient


des ruches, une reine

je me souviens des jours
quand j’étais miel et toi, la langue avide
d’une ouvrière



::: ::: :::

[Image : Souvenance par reading_is_dangerous]

3 commentaires:

  1. En état de comatisation avancée ; gagatisation beautesque ... sic

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  2. Et puis c'est l'ours qui fait du miel
    quand il perd sa fourrure, les abeilles alors prenne sa place en chauffante couverte et
    de par l'échange réciproque l'harmonie vient en dansant
    sur des aires de mots attrapés là-haut
    des airs de mots sur les figures d'eau
    désert d'ici par que lire est dangereux pour ceux qui ne rêvaient plus
    Merci

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  3. Le rouge éclatant du dessin le miel des mots et de la souvenance, tu m'as apporté du bonheur par procuration.

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