vendredi 30 mars 2007

QUAND LA POMMETTE


quand le nez est trop long, trop
large, trop gros. Trop de
nez

trop de bouche ou pas assez
quand le sourire est sourire souriant ou sourire triste, triste sourire
sourire de femme ou sourire de lionne
y a-t-il une différence quand…

quand le front parle
quand un oeil est trop loin, trop loin
quand une joue s’en va
quand le cou refuse de prendre corps

quand un visage est en vie
quand la mort le dévore
quand la mémoire se noie
quand les couleurs viennent à la rescousse

quand
quand
quand la pommette
quand le pinceau s’arrête

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[Image: La pommette par reading_is_dangerous]

jeudi 29 mars 2007

KOKORDILOS


le docteur Fabien traversant le pays Walambé fut attaqué par un crocodile. “C’est
qu’il ne reste guère de poisson, expliqua la bête affamée
-Mange plutôt de l’arbre, lui recommanda le médecin
-Bah!” fit le crocodile, et il dévora son homme

à l’intérieur du prédateur, il faisait beau. Des tons de rose moelle, du jaune
dent, du blanc zebre, du noir zebre, du violet veine, etc. “Ces couleurs vivent ici où
on n’attendait rien” pensa le docteur qui avait survécu. Il s’installa en
criant au crocodile: “Vas me chercher des clients. Tu les mâcheras un
peu; je gagnerai ma vie à recoudre leurs plaies
-Pourquoi pas? se dit la bête. Par nature, elle était optimiste. Suivant
la rivière Walamala, le monstre descendit au village Walamala où il s’empara d’une jeune
vierge Walama qu’on avait poussé vers lui avec gentillesse. Le crocodile lui arracha un
bras que Fabien s’empressa de recoudre. C’était absurde, d’autant que l’animal
restait sur sa faim, mais pendant un certain temps, ça amusa tout le monde. On
vint se faire déchirer qui le ventre, qui une main, qui le nez. Il y eut bien sûr
quelques irréparables, des malheureux s’étant trompés de crocodile

mais celui-là qui hébergeait le chirurgien, celui-là maigrissait. Il
maigrissait. “Comment faire pour le sauver?” se demandait
le docteur Fabien dont l’extraordinaire cabinet rétrécissait

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[Image: Un crocodile attaque le Dr. Fabien par reading_is_dangerous]

DES ASSASSINS


Jeudi. Je
fais le tour des actualités proposées par google news en
français. Faire un
tour. Tracer un cercle. Circonscrire. Encercler. Cerner. Les
mots ne manquent pas dans cette catégorie d’idées

“deux cent trois
films produits en France en deux mille six.” La
production se stabilise, écrit-on. C’est un film aux deux jours ou à
peu près. Je me demande qui les verra tous, mais
là n’est pas le but. Hier, je
réfléchissais à la possibilité d’écrire le scénario d’une
histoire fort simple, celle de
Maggie, une prostituée intéressée par la nature du temps et de l’
espace, la lumière, l’éternité, etc. Tout
moment est éternel, dit-elle. Elle cite Parmenides, le grand-
père de la philosophie selon Platon. Elle connaît Leibnitz. Elle
cite les travaux d’anthropologues qui ont questionné les derniers
shamans innu, amérindiens, et quelques autres. Le premier dialogue, je
l’ai écrit en anglais (voir le Roi de Trèfles, MEN ARE GHOSTS)

next
“un Français sur trois est fatigué.” C’est une constatation écrasante, une
défaite. Des tas de gens fatigués d’un côté, des tas de chômeurs déprimés de
l’autre. A l’aide! Nous sommes trop cons

next
“la circoncision est un moyen efficace contre le VIH sida.” Qu’est-ce que c’est
laid, ce nom: Vé i hache sida. Vénus idiote, ah! ah! chemin faisant, si da, si t’as
pas d’argent, pas de plaisir… ça me rappelle un film, un monologue: “Prenez une
prostituée, faites des enfants de prostitution. Le premier, vous l’appelerez Plus-
De-Miséricorde. Le second: Tu-N’es-Pas-De-Ce-Monde.” Je cite
de mémoire; je pense finalement que ce n’est pas cela du tout. Se
trouvera-t-il quelqu’un parmi mes trois ou quatre lecteurs pour me rappeler la
phrase juste? Quant au titre du film en question, voici un indice: Il faut songer au
ciel nocturne, sans lune et sans nuage

next
“Edouard Boccon-Gibod passe de l’Information à la Production.” Boccon-
Gibod, que c’est extraordinaire, ce nom. L’Information, la production de l’information, on
dirait ce roman anti-utopiste, 1984. Je
vous en produierai des fausses nouvelles, des fausses pistes, des dédales, des
masques, des interprétations à moitié fausses. “Il y a du vrai là-dedans,” se dit-on. Quoi
qu’il en soit, bravo cher Boccon-Gibod. Nous vous souhaitons du succès

…pendant ce temps, des milliers d’hommes cherchaient quelqu’un qui sache
pratiquer une circoncision rapide et sans douleur. Circoncision, circonscrire, sir con,
beau con, gigôt d’agneau, etc.

next

“France: 78 000 Playstation 3 vendues en 48 heures.” Beaucoup de yeux
fatigués en perspective. Je me
demande combien ça coûte, un
une
Playstation trois. Que faire du Playstation deux. Qu’a-t-on fait du Playstation un. Et
lit-on encore le Playboy ou est-ce mort ce machin-là, ces jolies pages satinées. Play
civilisation, la civilisation-play, jouons, jouons, jouons jusqu’à ce que fatigue s’en
suive, jouons jusqu’à la mort… C’est pas con. Beau con, gigôt d’agneau

next
“corruption de fonctionnaires: trois italiens arrêtés.” Autrefois, on
les écartelait, les fonctionnaires corrompus. Aujourd’hui, on les enferme aux
frais de l’Etat, tant mieux. Que
faire sinon?

next
“Sarkozy lance l’appel de Lille contre la pensée unique.” C’est
merveilleux ce titre. La pensée unique gangrène la France, selon ce
fonctionnaire. Gangrène. Couper. Il faut amputer sans
tarder, couper, couper, couper cette pensée unique. La remplacer par une
playstation gratuite pour tous

next
“Sarkozy veut changer de trottoir.” S’il était à Lille, c’est peut-être parce qu’il a
vu Fred, mon ami Fred
qui l’aura sans doute effrayé. “Venez
que je vous coupe la pensée unique, aura proposé mon ami
-Que non! Je préfère encore la circoncision!” aura répondu le fonctionnaire

next
“Tensions toujours vives entre Londres et Téhéran. Le ministre
iranien des Affaires étrangères a annoncé que la militaire britannique,
capturée Vendredi avec 14 autres marins, serait libérée d’ici un ou
deux jours…” Des marins, ah! ah! ah! Des assassins en
puissance qu'on aura bien fait d'en-
cercler

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[Image: L’oiseau rescapé par reading_is_dangerous]

dimanche 25 mars 2007

SIRENE TREMBLE


le désert au lever du jour c’est une
sirène qui tremble de voir la noirceur s’en aller

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[Image: S
irène tremble par reading_is_dangerous]

mercredi 21 mars 2007

LA DECOUVERTE


mauvaise nouvelle: notre
ami a perdu hier ses pieds, les bras, le
haut du corps et même la tête, mais
nous avons découvert qu’il avait dans l’oesophage un
oeil. La bonne nouvelle, c’est que le surprenant organe semble
nous voir

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[Image: La découverte par reading_is_dangerous]

mardi 20 mars 2007

LE FORMIDABLE MEPAUD III


moi, François Mépaud, suis un
avion bombardier équipé de missiles et de
bombes en suffisance pour pouvoir raser n’importe
quelle petite ville de merde en moins de deux

le formidable Mépaud III est la dernière invention d’une
entreprise aérospatiale “amie du gouvernement”. Je peux vous le
dire mais si j’étais vous, je ne le répèterais pas

le Mépaud III est un engin très spécial puisqu’il
peut passer de la forme humaine à la forme avion dès que
j’en reçois l’ordre, cela à condition que l’ordre en question
s’accompagne d’un certain code secret tellement secret que
j’en ignore moi-même le chiffre… mais n’allez
pas croire que cela m’inquiète puisqu’on m’a promis que
je saurais le reconnaître le jour J

le Mépaud III, c’est-à-dire moi, nous sommes enfermés ici
dans une maison pour fous. C’est ce qu’on appelle bien sûr
un asile, mais il s’agit d’une institution particulière puisque
tous les patients n’en sont pas. En fait, il n’y a que quelques
fous pour faire vrai, tandis que le reste de la clientèle se
compose d’agents spéciaux chargés de faire les fous
pour qu’on ne retrouve jamais ma trace étant
donné la nature ultra-secrète du Mépaud III. Aux
médecins parmi lesquels on trouve souvent
des espions, on a dit que je suis un fou qui
se prend pour un homme-avion. Ils ne saventdonc pas quels sont
mes terribles pouvoirs. Par exemple, je peux raser n’importe quelle
petite ville de merde en moins de deux

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[Image: Le Mépaud III par reading_is_dangerous]

un oeuf de mouche
à la place du cerveau-
soldat machine

jeudi 15 mars 2007

LE BLEU DU CIEL


traverser le béton
et l’acier pour s’enfuir, pas de problème! mais
de l’autre côté se dresse encore cette muraille extraordinaire: le
bleu du ciel

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[Image: La traversée par reading_is_dangerous]

d’un côté du mur,
de l’autre côté du mur-
quelle évasion?

dimanche 11 mars 2007

LES TROIS MILLE ZONES


“…ce n’est pas moi qui est horrible, mais la vérité.” dit mon voisin, le désagréable Bernard
Ménard. “La vérité, c’est qu’il n’y a rien d’autre que ça qui
nous entoure, rien d’autre que cette pâte qui fait le sol et la substance de
mes pensées, de mon desespoir. On peut inventer des messies. Dessiner des
paradis. Rêver de formules magiques ou visiter des diables notaires, mais rien
n’y change. A ce propos, avez-vous entendu parler de ce livre de magie qu’on
appelle LES TROIS MILLE ZONES?”

Ménard a la peau verte comme celle des petits pois. Sa
philosophie compose un ensemble grossier qu’éclaire une
lumière cruelle. A soixante dix-neuf ans, il fait preuve
d’une force étonnante. Je le voyais hier qui
jouait avec un ours

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[Image: #403 par Bruno de Fonteblaine]

il étend les bras
sur un nuage rouge-
le vieux prophète

QUE PORTE DOUCE OREILLE


j’étais chez moi en train d’examiner une
oeuvre bizarre du peintre de porte Bruno de
Fonteblaine, lequel reste largement inconnu. On
sait pourquoi. C’était un alcoolique désorganisé qui
ne participa à aucune fête, qui ne connaissait aucun ministre, qui
ne dansait pas en ville. Il n’avait pas d’opinion politique. Il ne fréquentait
pour ainsi dire que des grenouilles et des oiseaux malades. Il n’aimait ni
l’université ni les jardins d’enfants. Il craignait la
photographie à la manière des vieux Inuits, ce qui fait qu’aujourd’hui, on
peine à découvrir son travail. Même sur Internet, on ne trouve pas son
nom. Il n’y a guère qu’à Saint Maure où l’on puisse retrouver sa trace. J’ai
heureusement là-bas quelques amis qui savent où il faut chercher. Mais
qu’importe! J’étais donc chez moi, buvant mon café matinal… D’ailleurs, je
n’en bois pas d’autre depuis que je me suis mis au thé vert; mais il me faut ce
café, un bouillon très noir, de l’Arabica sans lait ni sucre. Sans repas ni
ni friandise. Sans rien. Je n’ai besoin que de ce café versé dans ma
tasse favorite, celle avec des grenades et des feuilles bleues… Enfin, je
buvais mon café méditant des pensées sauvages lorsque je reçu la
visite d’un sinistre personnage. Il n’y a pas de raison pour ne
pas le nommer. Il s’agit de mon voisin, le philosophe
retraîté Bernard Ménard, qui m’attaqua comme
d’habitude avec l’une de ses affreuses
rengaines: “La peur de tomber, mon
cher ami. La peur des tombes. La peur de s’être trompé de
tombe. La peur d’être trompé. La peur des trompes. La peur des
trombes d’eau qui vous emportent du lit, au milieu de la nuit, quand
votre vessie fatiguée transforme vos songes en marécage
où flottent des millions de victimes. La peur qui colle au front, qui s’accroche au
tronc. La peur de votre propre
tronche dans le miroir de la salle de bain. Si vous l’évitez, il y a aussi votre
noir reflet à la surface du café. La peur! la peur
des bombes. La peur des pompes artificielles
qu’on vous met à la place du coeur. La peur des
rondes de voyous
cruels qui vous arrachent vos derniers cheveux, vos
dernières dents, votre dernier espoir. Vous faites une dernière crotte
dans votre pantalon, puis
c’est fini la vie
-Bah! Tout ça, c’est de la peur mort-née, de l’humour
qui n’en est pas, de l’imagination qui pue” dis-je à cet
horrible bonhomme qui ne s’en vexa pas. Il est encore là, derrière
moi, qui ricane tandis que je réfléchis à une façon de le chasser

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[Image: #121 par Bruno de Fonteblaine par reading_is_dangerous]

vermisseau doré
que porte douce oreille-
lance ton blanc cri

samedi 10 mars 2007

VIDE SUR VIDE


en mourrant, le pauvre embrassa son lit. Le sol

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[Image: Vide sur vide par reading_is_dangerous]

noire corneille
criant au lever du jour-
que m’inspires-tu?

jeudi 8 mars 2007

DIVAGATIO


les parties les plus essentielles du corps humain, les parties les plus anciennes, les
plus fortes, ces parties composent un ensemble allergique au cerveau humain
lequel s’est retranché dans cette forteresse isolée, le crâne, qui demeure posé sur le
dos, sur les épaules, sur le délicat promontoire du cou

entre parenthèses, je dois dire que jamais je ne me passe la main sur la nuque sans
frissonner d’horreur, songeant à la fragilité de ce pont étroit

celui-ci, c’est mon expérience, est donc allergique au cerveau. Le
corps essaie quotidiennement de rejeter cette masse grasse, quasi amorphe, qui
consomme des quantités d’oxygène considérables tandis que les jambes, les bras, le torse et
le reste doivent se contenter d’un courant dérisoire

c’est d’autant plus vrai depuis que la concentration d’oxygène disponible pour le poumon
diminue. En effet, les plastiques et autres particules de méchanceté
qui flottent dans l’air (pour ne rien dire de la
bêtise), cette pollution étouffe

mais revenons au cerveau. Il voudrait bien
bien se libérer du corps. Le corps l’a compris. Résultat: cerveau et reste du corps luttent
l’un contre l’autre. C’est même une lutte féroce, qui fait chaque jour des victimes

considérez l’oeuvre philosophique conjuguée de tous nos penseurs depuis Banoneos lui-même
qui disait: “alfo rgen dhant, dhant qo-Eptah machelo” ou la pensée est étrangère au corps

des milliers d’années plus tard, les buveurs de café, les amateurs de pamplemousse, les
vacanciers sur la plage, les fanatiques d'architecture ancienne continuent de croire que
la pensée dérive d’une sorte de puits intangible

...l’âme qui serait à l’origine de toute individualité, cette âme qui nous est si chère, on
la vend chez monsieur le Diable
qui tient un bureau de change rue d’Atoidi. Je passais devant hier. Un écriteau dit:
vendez votre âme!
vivez éternellement ou presque
___

prenez un bonze par les pieds. Il a hérité de la pensée de cinq mille bonzes avant lui. Il
sait que l’Univers ne constitue qu’un seul corps indivisible. Le temps
lui-même, malgré des apparences trompeuses, le temps demeure indivisible

il ne se passe rien, réflechit le bonze, car il n'y a pas de passant. Il n'y a nulle part où passer

prenez donc un bonze par un pied et tordez lui un orteil ...voilà qu’il redécouvre, le bougre, une
incontournable vérité: la douleur comprime la philosophie, l’écrase

mais peu importe la philosophie, elle ne convient jamais au corps. La religion encore moins. Tous
les jours, il pleut des preuves de ce que j'affirme

-Gustave Noyon, extraits de PLUS QUE LES HOMMES (1963)

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[Image: Divagatio par reading_is_dangerous]

la verte chose
ne s’immobilise pas;
il saigne de l’air

mardi 6 mars 2007

LA CHASSE AUX YEUX


…c’est l’histoire d’un type qui fuyait devant une automobilièvre qui
descendait la colline. Les hurlements du fuyard
résonnent toujours

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[Image: La chasse par reading_is_dangerous]

la créature
qui chaque nuit me poursuit,
elle a mes yeux

lundi 5 mars 2007

L'AME DESSECHEE DU BONZAI


un vice-bonzaï faisant par surprise couper le bonzaï devient bonzaï à son tour

sans attendre, il accuse une végétation lointaine d’être à l’origine du coup, puis il lance
contre elle une expédition punitive chargée de la réduire en cendres ou de lui dérober ses
fruits précieux

pour les gouvernements du monde entier, c’est une nouvelle occasion d’épuiser les
ressources financières placées sous leur protection, mais dont on n’a que faire

des pouvoirs extraordinaires accordés à l’ancien bonzaï suite à une cata stroffff
spectaculaire permettent au nouveau bonzaï d’agir vigoureusement au sujet des
protestions qui s’élèvent bientôt chez lui

on interdit le feuillage. On emprisonne des vieux troncs récalcitrants par milliers. On pend
des vêtements aux branches. Sous un soleil sinistre, des jeunes pousses servent à la
fabrication des allumettes

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[Image: L’âme desséchée du bonzaï par reading_is_dangerous]

voyez ce chêne
debout si près du crime
dit le poète

jeudi 1 mars 2007

QUEI C'ESTI BEAUI LAI VIEI


un jour peut-être
sur cette plage comme au cinéma, on entendra
le bruit du vent
mécanique
grinçant
un seul mot étiré, une sorte de pronom personnel à la
première personne écartelée du singulier

j’inviterai un accordéon
cette caisse
qui joue comme elle se balance
on dirait une robe de femme
une femme à trente cuisses, à trente boutons de poitrine
à trente voix. Monstresse!

viendra cette vieille tête de Gustave Noyon
nous dire: “Qu’on ne peut rien couper en deux”
que “maintenant n’est que le souvenir d’un autre lieu”
que “quand je suis constipé, je me soigne en lisant
la presse universitaire”

on mangera de pauvres écrevisses
ces mères horribles accrochées à leurs milliers d’oeufs
ou des poissons morts en silence et frits au beurre
avec des champignons du Nord

il y aura à boire de l’alcool de carton

des filles nous tournerons autour, du fil
sur une bobine
oni dirai: “queï c’estï beauï laï vieï, toutï çaï”
plus tard faudra quand même s’en retourner dormir
couchés
au fond de quelques mauves songes

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[Image: Le savoir-faire par reading_is_dangerous (6 fév. 2007)]

bizarre couleur-
par une porte blanche
je m’en suis allé