Bourbon mâchouillait un soulier, assise sur le sol gras.
-Que fais-tu ? demandai-je.
-Je fais changement, répondit-elle.
-Alors prends l’un des miens, de soulier, dis-je.
Elle prit ma chaussure droite, sans attendre, avec la chaussette. Je me retrouvai agréablement un pied nu. Mes orteils respiraient !
-Tu n’as que ta vie, dis-je à Bourbon en caressant ses mèches blondes.
-J’ai moins que ça, dit-elle d’une voix sourde.
Ma chaussure disparaissait peu à peu…
-Je n’ai que ma voix ! continua Bourbon. Ma voix dit oui. Ma voix dit non. Ma voix dit peut-être… Ma vie sont les morceaux d’un ballon crevé au laboratoire du monde.
Elle posa ma chaussure grignotée et puis elle étira son corps merveilleusement beau, en soupirant d’aise.
-Ta vie sont des morceaux ? dis-je, étonné. Cette conjugaison nouvelle me plaisait.
-Et puisque je ne les tiens pas tous en main, elle n’est pas vraiment ma vie, dit Bourbon.
-C’est une façon de parler, dis-je en reprenant ma chaussure.
Il restait de quoi mettre. Je me chaussai ; mon gros orteil transparaissait.
-J’ai l’air d’un clown, dis-je.
-Le costume du philosophe, dit Bourbon en souriant.
-Il me faudrait un ballon, dis-je en m’assoyant près de la jolie fille.
-Vert comme une oreille d’éléphant, la plante, dit la belle.
-Et léger comme une antenne de papillon, dis-je.
Elle tira un dé de sa poche.
-Tu le lances, dit-elle, et s’il tombe sur Un, nous baiserons.
-Dans le noir, alors, si nous baisons, parce que sinon nous ferons attraction.
-C’est un grand mystère, dit Bourbon. La foule s’intéresse à l’amour, mais nous lançons toujours nos enfants à la guerre.
-C’est parce qu’il y en a trop, des enfants, dis-je en prenant le dé. Nous le savons instinctivement, mais le reconnaître à voix haute serait trop affreux. C’est pourquoi nous nous taisons pendant que les petits meurent en silence.
-En silence ? dit Bourbon.
Ce n’était pas tout à fait une question.
-Ils poussent toujours des cris touchants, mais nous n’entendons guère, philosophai-je.
Je lançai le dé. Il tomba magiquement sur Un.
-Trouvons la nuit, dit Bourbon, et puis elle se leva en m’entraînant par la main.
Par la paume, je devinais son cœur battant.
-Que fais-tu ? demandai-je.
-Je fais changement, répondit-elle.
-Alors prends l’un des miens, de soulier, dis-je.
Elle prit ma chaussure droite, sans attendre, avec la chaussette. Je me retrouvai agréablement un pied nu. Mes orteils respiraient !
-Tu n’as que ta vie, dis-je à Bourbon en caressant ses mèches blondes.
-J’ai moins que ça, dit-elle d’une voix sourde.
Ma chaussure disparaissait peu à peu…
-Je n’ai que ma voix ! continua Bourbon. Ma voix dit oui. Ma voix dit non. Ma voix dit peut-être… Ma vie sont les morceaux d’un ballon crevé au laboratoire du monde.
Elle posa ma chaussure grignotée et puis elle étira son corps merveilleusement beau, en soupirant d’aise.
-Ta vie sont des morceaux ? dis-je, étonné. Cette conjugaison nouvelle me plaisait.
-Et puisque je ne les tiens pas tous en main, elle n’est pas vraiment ma vie, dit Bourbon.
-C’est une façon de parler, dis-je en reprenant ma chaussure.
Il restait de quoi mettre. Je me chaussai ; mon gros orteil transparaissait.
-J’ai l’air d’un clown, dis-je.
-Le costume du philosophe, dit Bourbon en souriant.
-Il me faudrait un ballon, dis-je en m’assoyant près de la jolie fille.
-Vert comme une oreille d’éléphant, la plante, dit la belle.
-Et léger comme une antenne de papillon, dis-je.
Elle tira un dé de sa poche.
-Tu le lances, dit-elle, et s’il tombe sur Un, nous baiserons.
-Dans le noir, alors, si nous baisons, parce que sinon nous ferons attraction.
-C’est un grand mystère, dit Bourbon. La foule s’intéresse à l’amour, mais nous lançons toujours nos enfants à la guerre.
-C’est parce qu’il y en a trop, des enfants, dis-je en prenant le dé. Nous le savons instinctivement, mais le reconnaître à voix haute serait trop affreux. C’est pourquoi nous nous taisons pendant que les petits meurent en silence.
-En silence ? dit Bourbon.
Ce n’était pas tout à fait une question.
-Ils poussent toujours des cris touchants, mais nous n’entendons guère, philosophai-je.
Je lançai le dé. Il tomba magiquement sur Un.
-Trouvons la nuit, dit Bourbon, et puis elle se leva en m’entraînant par la main.
Par la paume, je devinais son cœur battant.
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[Image : Le bras de la femme dragon par reading_is_dangerous]
Filet vocal, le poème à la foire,
RépondreSupprimerUne pomme d'amour, et le train fantôme,
Clapotis arqués sur les manèges,
Cris orgasmiques contenus,
Bourre-mi et bourre-moi au bourbon,
Avec la cravate en double noeud,
A ma gorge, je tire, et tire.
Rassembler les morceaux de la vie et devenir un coeur battant au centre de l'amour...
RépondreSupprimeret le philosophe au soulier percé baisa d'un coup de dé ...
RépondreSupprimer:)
Mouais...
RépondreSupprimerDieu il y joue : il gagne pas forcément. Moi, en ce moment, je te raconte pas... Et toi, là, en un coup : paf !
Dis-moi le secret... Il est pas pipé ton dé ? ;-)
Ceci n'est pas un dé pipé.
RépondreSupprimerSuperbe instant.
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