samedi 19 janvier 2008

HUIT COEURS PAR IDEE


Tandis qu’il se prenait les pieds en écrivant des textes sans queue ni tête, il oubliait ce qu’il avait à dire, ce qu’il avait voulu dire, qui lui avait paru urgent de dire ou de crier par écrit. « Je n’ai plus le souvenir de ce que je voulais dire, » pensait-il, mais il n’avait pas perdu la mémoire de la triste conclusion tirée de ses efforts passés : Ce qu’il avait à dire, ce qu’il avait eu à dire n’avait jamais intéressé personne d’autre que lui.

Il aurait pu continuer pour lui-même …fuyant le sens des mots.

« Je suis un champs de patates, » pensait-il. Les vers de mes pensées dévorent mes racines, mes tubercules, et ces ondulations affamées (les vers) s’attaquent aussi aux feuillages et aux fleurs de mes plantes chéries. Il me faudrait une armée de fourmis rien que pour me protéger des vers – à huit cœurs par ver, il faut y aller avec force, mais il y a de quoi manger. Huit cœurs par ver, et donc huit cœurs par idée.

Pour embrasser le monde, la réalité triste et cruelle, il faut avoir un cœur de plomb, sinon savoir se réfugier dans le non-sens ou pratiquer l’apnée continuelle et nager hors de l’eau, les bras battants comme ceux des pauvres gens qui sautent des immeubles en feu. Il écrit donc n’importe quoi pour ne pas avoir à penser à ce qu’il faudrait dire, mais qui n’intéresse plus personne, car tous ont compris que rien ne sert plus qu’à rien.

Ses histoires à suivre? Elles mènent à des impasses. « Essayons encore un peu, » résolut-il. Peut-être qu’avec un chant de labour...

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[Image : Sa tendre muse et lui par reading_is_dangerous]

5 commentaires:

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  2. Huit à rotation de 90°; et l'infini se dessine.
    Huit le nombre des directions cardinales.
    Après les 7 jours, le 8, un jour nouveau.
    ____
    rien ne sert plus qu'à rien :
    "une chose est aussi ce qu'elle n'est pas et n'est pas ce qu'elle est" (Hegel)

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  3. Les histoires à suivre ne sont jamais terminées. les miennes finissent toujours dans une impasse. Je suis troublée en ce moment par mon ami intérieur le "vieil alchimiste" il ne me laisse pas en paix et je suis comme immobilisée. La preuve, j'étais bloquée pour répondre aux commentaires et pour aller sur les blogs. C'est la première fois depuis que je te "connais" que j'avais raté un de tes texte. Et pourtant ils me font tellement de bien... et tes peintures encore plus. Je reviendrai demain sur ton magnifique dessin daté lundi.

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  4. Mais est ce que c'est important?
    vraiment?
    dire ce qu'on veut dire?
    on dit ce qu'on a à dire; la volonté c'est autre chose,
    ce qui n'intéresse peut intéresser parfois pas d'une façon trés intéressée mais intéressante quant même;
    l'intéret est bien une notion trés subjective...
    tout comme l'expression qui ne l'est que parce qu'on le croit ou qu'on veut le croire; et là vouloir renait de ses cendres à la recherche des mots...
    qui ne partent nulle part mais qui ne restent pas aussi;

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  5. mais c'est qu'il y en a toute une série , mâ ! quel retard j'ai pris ! allez je continue la chasse au trésor !

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