jeudi 27 novembre 2008

TELEMIND ET LES ARBRES VOLANTS




Lisant les textes d’un ami disparu, il trouva ces mots : « Lisant les textes d’un ami disparu, il trouva ces mots… »

Une veine palpitante appela jusqu’à la tempe l’index de sa main droite. La sueur mouillait son front. Il se souvint de ces repas piquants qu’il partageait autrefois avec son ami, lequel ne semblait jamais souffrir du piment. Mais il y avait cette histoire d’un plat avalé avec difficulté, dans un restaurant indien, un plat à vous brûler les lèvres. « Il était en compagnie de cette Japonaise, » se rappela le lecteur. « Celle qui… »

Dehors la nuit neigeait. Le trait d’un projecteur révélait des grands arbres qui voulaient s’envoler à la conquête du ciel. « De l’apesanteur, » songea l’homme à la veine palpitante. On l’appelait Claumand. Il ne travaillait pas.

Plus tôt il avait vu dans un tunnel une vieille femme assise et qui pliait du papier en fleurs qu’elle déposait sur une boîte de carton placée devant elle et contre un mur, devant la foule des usagers du métro dont la plupart rentraient chez eux après une journée de travail. Le visage de la femme était resté caché dans une écharpe grise de laine folle qui venait d’un mouton probablement mort depuis longtemps. Claumand pensait à son ami disparu.

« Nous sommes tous déjà morts, mais en vie devant l’éternité, » dit Claumand à voix basse. Ces mots reprenaient une formule ancienne et chère à l’ami disparu. Il s’appelait Telemind. C’était un nom horrible, mais on s’y habituait comme aux fleurs de papier et aux arbres volants, aux plats japonais de neige et aux lèvres brûlantes.

La sphère du temps bourrée d’espace tient en équilibre sur une verge éternelle. Le rayon de l’univers, divisé par la vitesse de la lumière, égale la durée du monde. L’obscurité mène le voyageur à des questions. On peut s’étonner de l’explosion d’une bombe, à l’autre bout du monde, tel matin, et mourir plus tard, en début de soirée, dans l’explosion d’une bombe arrivée sous vos pieds. « Je ne comprends pas ce que tu écris, » réfléchissait Claumand, et puis il s’endormit. Il rêva que des eaux surgissaient de son ventre et sur cette rivière son âme naviguait ; un petit bateau de papier chargé de mots, armé d’un seul canon, mais il était très lourd...



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[Image: La voie]

3 commentaires:

  1. strange,,, aussi écrit sur la laine , les dos de mutons, la haine, l'haleine. l'heure de la bouche.euh de la douche.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. The Salmon Dance,
    Un courant sous X-TAR,
    Stream à flotter,
    Tu sais, une mise
    En Orbite,
    Waouh, waouh...

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