La forêt du Nord s’étendait autrefois sur quatorze régions dont l’une, nommée l’Ecume, constituait l’orée des bois, face au Désert Electrique. Dans l’Ecume poussaient des mousses qui sortaient d’entre les arbres, et quelques taillis dispersés, aux projections chétives, mais rien d’autre. Dans l’Ecume, au hasard d’une chasse aux céramiques sauvages, la fille Bourbon trouva un homme endormi. Or c’était la première fois qu’elle voyait l’un des habitants du désert, car ils se faisaient rares et souvent invisibles. La chasseuse s’était assise...
Le dormeur enroulé dans une couverture respirait légèrement. C’était une couverture « boa » d’une sorte que Bourbon ne connaissait pas. Elle tenait chaud, mais sa longueur insuffisante laissait paraître les orteils nus de l’homme. Ils étaient dix boutons roses et immobiles sur le sable noir du désert. Bourbon les surveillait depuis une demi-heure quand un mouvement de tête attira son attention, et puis elle aperçut une paupière se soulevant pour dévoiler la pépite dorée et le disque insondable d’un œil qui lui dit : « Je renoncerai à poursuivre mes rêves, si tu restes avec moi. »
La fille se leva. Huit mètres la séparaient de l’homme réveillé. Pareille distance convenait à cette situation, quand une fille des bois rencontre un inconnu dans son sommeil. Il faut savoir qu’on respectait plusieurs usages, dans ce pays, parce qu’on était convaincu que les règles de conduite personnelle facilitent la vie en société. Les huit mètres évitaient que les mal réveillés se méprenassent sur l’identité ou les intentions d’une apparition imprévue.
« Je renoncerai à poursuivre mes rêves, » avait dit l’inconnu.
« On peut les attraper au collet, à l’aide d’une reginglette à songe, » répondit Bourbon.
« Vrai, » dit l’inconnu, se levant, « mais il faut pour cela une cordelette dorée. »
Sous la Boa l’homme du désert était nu (comme ses orteils), mais soudainement il disparut, et sa couverture avec lui. Bourbon cru avoir rêvé, mais en examinant l’endroit où s’était tenu le disparu, elle constata du bout des doigts une certaine chaleur du sol. Alors un tourbillon de vent lui remit un papier de soie porteur des mots suivants : « Tu es ce vase rose dont la forme unique conserve cette part la plus désirée du vide. »
Dans la clarté du ciel, un nuage pourpre évoquait étrangement une églantine.
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[Image : Porte réciproque]
Mais tu es sûr qu'il lui a dit qu'il renoncerait quand même à poursuivre ses rêves ? Même avec le vase ? Rhmmm...
RépondreSupprimerPour cette fois, je te crois. Mais c'est la dernière fois R_I_D, tu m'entends ? Sinon... après... je n'écouterai plus que Bourbon : tu l'auras voulu.
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RépondreSupprimerPar la porte dérobée, un trou de serrure,
RépondreSupprimerPar ici, là-bas, et en bas,
Enfin.
« Vrai, » dit l’inconnu, se levant, « mais il faut pour cela une cordelette dorée. »
RépondreSupprimerIl me semble reconnaître les mots et les rêves issus d'un certain désert instrumental.
Je rêve à un retour, celui de Pongo, l'homme bleu...
Rose et bleu...
Enfin, je vais peut-être découvrir la vérité sur ce curieux personnage.
Merci reading!
bonne fete reading
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