dans le désert Instrumental s’élève un temple oublié
L’édifice est visible à des lieues à la ronde
Mais personne ne va plus dans cette di
le général Steccata est le dernier à s’y rendre
Quand il va y chercher son épouse qui a fuit avec un caporal
Mais ces deux-là sont partis dans une autre direction
voilà exactement mille deux cent trente-neuf ans
Le général Steccata entre dans le désert avec son armée de
Cent mille hommes qui vont tous périr
les pauvres soldats subissent d’abord la colère du soleil
Qui tolère mal qu’on brave ses rayons
Quelle que soit l’époque ou le méridien
la nuit froide fait des tas de refroidis
Parce que l’armée de Steccata campe sans couverture
Parce que ses couverturiers ont déserté
la soif élimine à elle seule une bonne moitié des troupes
Les déserts, c’est connu, sont chiches de leurs eaux
Ils les gardent cachées, au cas où . . .
au cas où on bâtirait un temple, par exemple ce
Temple oublié (que nous n’oublions pas)
Où l’on trouve une eau extraordinaire, on le saura bientôt
des mirages enlèvent à Steccata de nombreux hommes
Qui croient voir des magasins, des boutiques fantastiques, des
Usines à boissons gazeuses aux propriétés merveilleuses
des escouades entières avec leur brigadier
Courrent inutilement vers l’horizon trompeur
On leur tire dessus en vain pour les faire revenir
dans ce désert, certaines illusions abusent de l’ouïe
Laquelle est certainement le point faible du système nerveux
Les pauvres soldats entendent donc des voix
une voix grave répète que pour vivre, il faut tuer son prochain
Une voix nasillarde rappelle qu’il faut faire des sacrifices
Une voix aiguë accuse les vivants d’être encore en vie
« Untel vole ta ration d’eau. » affirme une voix claire
« Untel crache dans le tonneau. » insinue une voix douce
« Untel est de trop. » chuchote une voix sensuelle
le pauvre soldat qui prête l’oreille à ces mots ignobles
Attaque tôt ou tard deux ou trois de ses compagnons d’armes
Avant de finir massacré par le reste de sa compagnie
l’armée du général Steccata se trouve réduite à trois cent hommes
Épuisés, assoiffés
Quand d’horribles bestioles surgissent du désert
la première qui soupe d’hommes de troupe, de calabrin perdu
Nous avons dit son petit nom plus tôt
C’est l’érigne nocturne aux pinces cruelles
l’érigne ! Son corps est une noire nacelle
Munie de huit pattes longues et fines, qui avancent en ramant
À la lueur de deux tristes lanternes, des yeux
l’érigne ! Elle prend sa proie à l’aide d’un rets
Qu’elle forme à partir d’une substance tirée de son corps, et
Qu’elle sait jeter loin d’elle, à des mètres de distance
l’érigne ! En deux jours, elle capture onze hommes
Qui sont découpés en morceaux sans qu’on ne puisse rien faire
Le monstre s’en va ensuite, en ramant et en rotant
plus meurtrières sont les attaques de l’entortillonnette
Cette créature suce le sang de deux cent onze piquiers
Pris, pour la plupart, par la langue
on dit que l’entortillonnette est une femme invisible
Aux mains comme des tentacules incroyablement agiles
Et terminées par un suçoir avide
un soldat ouvre la bouche, et hop ! Quelque chose
Lui saisit brusquement l’organe de la parole et l’entraîne
Hors du camp, dans un silence effrayant
un être de gélatine bleue tue soixante-dix-sept des survivants
Dix-neuf sabrés
Dix-sept questionnés
treize mâchés
Onze K.-O.
Sept guillotinés
cinq étrippés
Trois congelés
Deux brossés à mort
le général Steccata reste seul debout
Face à l’être de gélatine bleue qui lui dit : « Je suis Pango.
Va à ce temple oublié, là-bas, et attends mon retour. »
« tue-moi plutôt ! » dit Steccata qui n’est pas un lâche
« Plus tard. » dit Pango qui disparaît
Le général va au temple oublié : le temple Réservoir
c’est un édifice haut de trente mètres
Visible à des lieues à la ronde
Sur son parvis coule une eau ambrosiaque
depuis mille deux cent trente-neuf ans, le général Steccata attend Pango
Quand il aperçoit une cordelette dorée tomber du ciel dans la main droite
D’un inconnu inconscient qui ouvre alors les yeux
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[Image : Le général Steccata et le temple Réservoir par reading_is_dangerous]
oh ! génial ce retournememt d'histoire, génial !
RépondreSupprimerLes voix, ces monstres et le Général;
on passe du marrant ou tragique et du tramant au magique.
Good
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Et moi qui ne sais pas compter...
RépondreSupprimerMille moins quart bestioles monstrueuses...
Ah... Le général Steccata est en mauvaise posture depuis treize heures plus douze... (je ne sais pas compter). L'entortillonnette veille sous la cordelette sud-est et l'érigne rame nord-sud près de la gélatine bleue centrale-instrumentale qui leurre encore et toujours l'heure moins une du général, de Bertrang-Marting et cie!
Magnifique! Cette lecture est dangereuse. Vivement la suite!!!
Les Fausses Mémoires du Vrai Général Steccata :
RépondreSupprimer… « Nous partîmes sans Vincent ; mais par un prompt renfort nous nous vîmes avec l’Emile en arrivant au Temple … »