depuis mille deux cent trente-neuf ans, le général Steccata
Attend le retour d’un être de gélatine bleue nommé Pango qui
A promis de lui régler son compte
le général est resté seul dans le désert Instrumental
Où les cent mille hommes de son armée
Ont péri atrocement (nous l’avons raconté plus tôt)
Steccata habite les environs d’un temple oublié, le Réservoir
C’est un édifice de trente mètres de hauteur, visible à des
Lieues à la ronde, mais personne ne va jamais dans cette direction
une eau ambroisiaque ruisselle sur le parvis du temple
Ainsi s’explique l’extraordinaire longévité du général
Cependant il n’a rien à manger et personne à qui parler
on imagine son émotion à la découverte d’un inconnu qui
Gît inconscient près du temple
« Le manger cru ou lui parler ? » hésite le général
en vérité, il n’est pas assuré de pouvoir ni manger ni parler
Car le passage des siècles lui a
Rétréci l’estomac et engourdi la langue
« se méfier de l’inconnu. » se dit Steccata qui
N’est pas un lâche, mais il ne va pas risquer de trouver
La mort aux mains du premier venu
« le ligoter avec ma ceinture d’argent. » se résout-il
Il peine toutefois à se remémorer la manière de
Déboucler l’ardillon
soit dit en passant, le général est nu
Sauf à la taille, jusqu’à ce qu’il enlève
Sa ceinture pour attacher les jambes de l’inconnu
Steccata laisse à l’autre l’usage de ses mains (plutôt que des pieds)
Parce que lui-même est obsédé
Par l’idée de quitter les lieux
c’est bien sûr le résultat d’avoir passé
Quatre cent cinquante-deux mille cinq cent cinquante-neuf jours
Au même endroit, dans un désert
au début, en attendant Pango
Le général essaie de pénétrer le temple
Dont l’unique porte est fermée à clef
espérant trouver quelque chose pour
Crocheter la serrure, il fouille les
Cadavres abandonnés de ses soldats morts non loin
il rapporte tout un attirail :
Moraillon, gourgon, palache, émouchoir, pétail, bélulque, puchet
Mais rien ne lui permet de déverrouiller la porte
Steccata ne connaît donc du temple que ses
Quatre murs polis
De feldspath
or
Dans le désert Instrumental vivent d’horribles bestioles
L’érigne nocturne aux pinces cruelles, et l’entortillonette
mais, mystère ! L’érigne qui rame dans la nuit
Éclairée par deux tristes lanternes, ses yeux
Ne s’approche pas du temple Réservoir
et l’entortillonette qui vient vient parfois caresser l’homme endormi
De ses mains terminées par des suçoirs avides (de sang)
Ne vole jamais au général une seule goutte (de sang)
cette quasi solitude et le silence continuel
Agissent pendant des millions d’heures
Sur la raison de Steccata
raison qui abhorre naturellement le vide, le néant, l’absence
Tout cela qui ne donne prise à rien
Qui accentue l’isolement (cette terrible impression d’isolement)
luttant contre la folie, le
Général étudie la carte des étoiles, et puis les tourbillons de sable
« Il n’y pas de coïncidence, » réfléchit le militaire, « qui ne soit pas un signe »
le vent pousse-t-il vers lui la carcasse d’un lézard ou
Un bouquet de fleurs séchées, que Steccata pense : « Ceci
Est le signe de cela que le désert veut. »
le désert veut
Sa volonté lui donne vie, l’anime
Dès lors, le général n’est plus seul
entre l’homme et sa divinité s’engage une
Conversation semblable à
Celle du ventriloque avec son pantin
« ton désir est mon vouloir. » dit une voix intérieure
La voix de l’homme dans le désert ou
La voix du désert dans l’homme
Steccata croit qu’il est le désert incarné
« Voilà le désert, mon père. » pense-t-il en contemplant le paysage
« Voici son fils Intrumental. » pense-t-il en admirant son nombril
quant à l’Esprit du désert, selon le général, il pourchasse
Par delà l’horizon un diable bleu :
Pango
« traîner maintenant l’inconnu à l’ombre des murs du temple. » songe Steccata
Qui saisit les pieds attachés de l’homme inconscient
Lequel (on l’aura reconnu) est Bertrang-Marting Antischolasticus
mais le soleil vascille et le général lève la tête
Il voit une cordelette dorée qui tombe du ciel dans la main droite
De Bertrang-Marting qui ouvre alors les yeux
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[Image : Portrait de la veuve Sanna (ébauche) par reading_is_dangerous]
Ce conte est une merveille. Je me délecte des aventures du général et de Bertrang-Marting.
RépondreSupprimerHumour, intensité, mystère, suspense, audace et savoir-faire!
Ce désert est un enfer, mais quel plaisir de lire les désirs de rires avec des fous sourires!
Merci!
oui, y a pas à dire,
RépondreSupprimerc'est drôlement bien ficelé !
incroyable histoire qui se lit comme un petit pain ;)
super,
bravo *
Cette histoire est vraie puisque
RépondreSupprimerc'est r_i_d qu'il l'a inventée .
Your portrayal of Sanna the widow
RépondreSupprimeris like a soft breeze that blows
on my hair and and causes my
skin hair (short though, they may be
ha ha), to bend to and fro like
grasses on a field
It is a breezy and flowing drawing
and the predominance of green
and yellow accented by the
crescent moons in maroon
(or rust?) give it
a certain kind of glow
add to that is the sexy stance
of Sanna with her upheld hand
and you have something like
a sweet cake with a piece of
cherry on top
sweet
intimate
flowing
glowing
that is the picture!
as for the story?
my friend! I will have to
read the translation!
but I am sure you did
an excellent job on it
as always
eel