entre les vieux murs de Kang Lo, la capitale zhaïlandaise
On trouve la taverne Intraordinaire, cet endroit fameux
Où Bertrang-Marting Antischolasticus et le huissier Guyvan font connaissance
le huissier habitué des lieux
Demande qu’on lui apporte une quille de Martini
Et neuf perdrix à la Narseillaise, cuites sur feldspath
à cette époque, qui n’est pas aussi lointaine qu’on se l’imagine
Le martini est un vin de clou
Le clou est un raisin noir et long, riche en fer ; un rien piquant
le feldspath est une pierre
En Zhaïlande, on l’utilise comme ustensile de cuisine
Parce qu’elle donne aux plats un goût qui rappelle la moutarde
mais une question semble inquiéter le huissier
Son invité, Bertrang-Marting, préfère-t-il la bière plate ou
Le vin de clou ?
« On dit que Xénophon buvait de la bière plate, et Platon
Une brou feinte, » répond Bertrang-Marting
« Mais jamais, jamais avec une cuisse de volaille en bouche. »
Guyvan sourit
Il dit : « Le goût est la sentinelle de la raison. Qui
A mauvais goût devient fou, la nuit. »
à cinquante-trois ans, le huissier est un peu collectionneur
D’œuvres rares. Il apprécie spécialement les antiques mosaïques
Où figurent Thémis ou Astrée ou une autre modeste déesse
il aime aussi les lettres qui évoquent des amours défuntes
Il accumule des trophées de marine, des morceaux de château
Des quartiers de pensées retenues
enfin ! Une servante apporte le repas
« Celle-ci s’appelle Moëlla. » dit Guyvan
« Tous, ici, savent qu’elle est le fruit d’une flamme inceste. »
elle est belle ; le huissier voudrait l’acheter
Pour le prix d’une rose d’or, mais son épouse est jalousie-née
« As-tu une femme, toi ? » demande-t-il à Bertrang-Marting
celui-ci raconte d’une voix morose
Les événements que nous avons décrits plus tôt : La mort d’Adrien
Le mariage proposé par l’ami à la jeune et jolie veuve, Sanna
« elle est partie chez ses parents, dans le Yen Lome Lome »
Dit Bertrang-Marting
« Je pratique depuis le commerce des esprits ; je suis Martiniste. »
« et moi, je suis patineur. » dit le huissier dévorant un oiseau
« Une heure plus tôt, j’ai voulu te frapper du sabre que j’ai volé
Trente ans auparavant, à ton père. Je lui dois réparation. »
« il est mort écartelé par les brouetteurs du roi. » dit Bertrang-Marting
« Je sais. » dit Guyvan rongeant un os
« J’attendais ce jour qui nous présenterait l’un à l’autre. »
« je m’en vais traverser le désert Instrumental. » dit le martiniste
« J’annule ton départ. » dit le huissier suçant le bout d’une aile
« Et te confisque tes pieds (sans te les prendre). »
« vous m’avez promis une révélation » dit Bertrang-Marting
« L’épée de ton père, je te la rends, » dit Guyvan
« Mais tu devras à ton tour la rendre à son propriétaire légitime, sinon. . . »
sinon l’humanité entière passera au hache-paille d’une divinité toute puissante
On se retrouvera au moulinet, au purgatoire, dans un nouvel Enfer
Le grand « tout » humain sera unifié dans une souffrance sans nom
« comment ? » demande Bertrang-Marting
« Ma grand-mère Missy me l’a dit. » répond Guyvan
« Ainsi parlait Ziusudra, disait-elle, mais elle l’a tué, ce con. »
« je ne comprends pas. » dit Bertrang-Marting
« C’est pourtant simple, » dit Guyvan
« Ton père en farfouillant dans un grenier détermina ta destinée. »
« comment ? » demande Bertrang-Marting
« Avant que d’être frappeur d’or, ton père visita la demeure d’un magicien :
Maître Ziusudra, qui fit longtemps l’éducation de ma mémé.
ton papa trouva l’arme que Ziusudra avait « empruntée »
Or il s’agit d’un objet de première nécessité : La
Lame à couper l’univers en deux »
« à qui la rendre ? » demande Bertrang-Marting
« À l’une ou l’autre des deux princesses jumelles et poétiques :
Leurs altesses royales Inne Fa Eï et Sha Sha Eï. » répond Guyvan
« j’ai une dent creuse qui me chuchote que vous êtes fou. » dit Bertrang-Marting
« Il faut tout de suite l’arracher. » dit le huissier
Et puis il assomme son invité d’un grand coup sur la tête
.. .. ..
Bertrang-Marting perdra-t-il sa dent creuse ?
Rendra-t-il la « lame à couper l’univers en deux » à l’une des princesses ?
Si oui, laquelle ?
Traversera-t-il le désert Instrumental ?
Épousera-t-il la veuve Sanna ?
C’est une histoire à suivre !
Rendra-t-il la « lame à couper l’univers en deux » à l’une des princesses ?
Si oui, laquelle ?
Traversera-t-il le désert Instrumental ?
Épousera-t-il la veuve Sanna ?
C’est une histoire à suivre !
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[Image : Guyvan, Ziusudra (en bleu) et les deux princesses, une ébauche de reading_is_dangerous]
impressionament décapant cette hisoire, super même !
RépondreSupprimerPour le dessin, on voit clairement la taverne avec l'un des deux protagonistes savourer une bonne bouteille de martini ;)
Quel rebondissement !
C'est une histoire à suivre et à couper le souffle! Je viens de lire les deux premiers chapitres de cette zaga en Zhaïlande et je suis zaza, heu... baba! Ce Bertrang-Marting est un preux chevalier. Il traversera le désert instrumental malgré une dent creuse sournoise... et les machinations de machinhuissierassommeur de preux chevalier.
RépondreSupprimerVivement la suite!
Arracheur dedans et Huissier dehors-la-loi.
RépondreSupprimerEn un mot comme en sang,l’exploit le tenaille.
the ending of this entry
RépondreSupprimeris just like a great blow
on my head, shutting up
all the thought processes
in my head
and then silence...
and then questions...
which drink:
beer punt or wine of nail?
which princess
(to give the saber to):
Innate F Eï or Sha Sha Eï?
//the taste is the sentinel
of reason//
wise, wise Guyvan
speaks with the wisdom of
the ancients, dabbles with the
artifacts of the ancients
and has the habit of knocking off
hollow "tooths" without warning
ouch!
great story
but i need to figure out
much of it like:
how is Guyvan related to Missy
(is she the Missy in your
previous blog, the one in the
attic with Ziusudra?)
oh, i am so confused!
but this is a pleasant kind of
confusion so i don't mind
coffee?
E.
p.s. great picture
of you, of Guyvan and of
the two princesses (mysterious
unseen faces)
i see your old avatar :-)
RépondreSupprimermakes me remember
E.