C’est un dimanche gris
Dans la lumière vieille d’une fenêtre
Dans le crépitement monotone du silence
Dans le cœur, entre les doigts de pied
C’est, nue dans l’hiver
La fin de février
Un début de mars, une fièvre
Quand tu penses : « Le temps a assez duré. »
C’est la réponse à une question inconnue
Un ongle de colère sur la peau de l’âme
Du sang qui tourne en rond
Un être aimé ou un simple tourbillon
C’est le parfum du cou
Ta chaleur plus chère que la mienne
Un dernier matin trouvé sur tes lèvres
Quand tu me dis : « Le temps s’arrête ici. »
C’est la vie nous sachant nous-mêmes déjà morts
La pointe d’une flèche entre tes reins
Les flots d’une rivière à l’entrée des poumons
Une écrevisse charriant des yeux
C’est une cloche dans l’eau de l’air
Sa vibration sonore à la surface de la pensée
Un battant de fer sur le bronze de la foi
Quand tu chuchotes : « Prends mes mots ! »
C’est la fenêtre froide d’une maison sourde
Un mois muet
Quatre dimanches abandonnés aux orteils
Dans la bouche d’un suçon de soleil
C’est la finesse d’une dérobade devant la hache
La taille blanche d’un boulot qui tremble
La caresse d’une brise informée
Quand tu me souffles : « Tiens, le mur de l’espace ! »
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[Image: Dans la lumière vieille d'une fenêtre par reading_is_dangerous]