au début des temps
le cœur humain n’était qu’une chaussette solitaire
qu’on portait pour couvrir un peu d’amour
mêlé à beaucoup d’angoisse,
c’est-à-dire la peur du ridicule,
la peur des ténèbres,
la peur du silence,
la peur de la faim
mais au début des temps
il y avait suffisement de bonbons pour tout le monde
et la peur de la faim, celle-là n’était vraiment qu’une fausse peur,
une peur de théâtre, de comédie,
une peur inventée,
une peur organisée par l’imagination tambourinante
de quelques cœurs plus gourmands que les autres
au début des temps,
les cœurs se reproduisaient en se pliant à certains usages ;
lorsqu’une chaussette seule en trouvait une autre qui lui plaîsait,
qui faisait la paire,
alors l’une menait l’autre dans un tiroir plus ou moins obscur
où l’on célébrait à deux le mystère des nœuds,
et ça donnait un nouveau corps,
un troisième cœur
sinon comme il n’y avait pas grand chose à faire
on sculptait des masques terrifiants qu’on baptisait :
voici le masque de la peur du ridicule,
voici le masque de la peur des ténèbres,
voici le masque de la peur du silence,
voici le masque de la peur de ce qui pourrait arriver
or il arriva justement des loups-garous et des vampires,
des patriarches sanguinaires,
des empereurs nécrophages,
des présidents génocidaires,
des industriels hypocrites,
des sales empoisonneuses et des jolies menteuses,
des mollusques pleurnichards
aux corps habillés de pierreries, d’or et d’argent,
et plus tard des cafards géants à tête de téléphone portatif
la réalité pleine de monstres,
ça faisait peur,
mais le cœur humain se découvrant un peu d’amour
tenta héroïquement d’aimer tout ce qui l’angoissait
« masquons tout cela qui nous effraye, » se dirent les cœurs
qui forgèrent alors des mots pour masquer
toutes sortes d’horreurs
le progrès, la liberté,
ces mots ont servit à coloniser la moitié du monde
et encore aujourd’hui nous adorons souvent un dragon
bardé de fer et crachant des flammes
mais qui reste caché derrière tel ou tel mot à la mode,
par exemple, le mot « démocratie »
qui n’est en fait qu’un déguisement basé sur le mensonge et l’esclavagisme,
et qui nous sert de prétexte pour réduire toute contrée
dont les habitants nous font peur parce qu’ils refusent d’obéir
aux directives éjaculées par ces singes affreux qui nous gouvernent
et que nous saluons bien bas
en prononçant ces titres que nous leurs avons donnés,
monsieur le ministre, le premier secrétaire, le pape !
monsieur le vice-président,
QUELLE SPLENDIDE MASCARADE !
la fête dure toute l’année.
Nous portons depuis toujours nos habits de marchands et de prostitués
pour ces entreprises qui nous valent surtout des bombardiers
et de la pâtée alimentaire,
et du soleil en boîte,
et des croustilles au vinaigre,
et des Smarties,
et des Caramilks,
et de la gomme balloune ;
du sucre et des couleurs : ce sont les murs de la maison de la méchante sorcière
d’une fable oubliée...
nous aimons avoir peur,
nous aimons faire peur,
nous avons peur d’aimer,
nous avons peur qu’on nous aime.
le soir de l’Halloween,
j’aimerais qu’un spectre ou qu’un mutant fasse enfin usage de
ses pouvoirs paranormaux pour étouffer live on TV
les crétins gris
qui terrorisent l’humanité
avec leurs histoires de pommes farcies aux lames de rasoir
le soir de l’Halloween,
j’aimerais qu’un magicien métamorphose chacun d’entre nous
en ce personnage que nous rêvons d’être ;
ce costume qu’on a choisi pour soi,
c’est bien celui qui nous fait rêver,
c’est bien celui qui nous fait peur parce que c’est celui
qu’on aime plus que tout autre.
toi,
le corsaire brandissant une épée en plastique
toi,
la matante maquillée comme une fille de joie
toi,
le roi du pétrole qui se caresse sous sa robe
toi,
la femme-chat dégriffée
toi,
l’homme-bébé
toi,
la fille-robot
venez ici !
venez ici que je vous donne un coup de baguette magique !
c’est au cœur que je frappe, citrouille, potiron,
vieille chaussette égoïste de mes deux
VENEZ, LES TENEBRES !
VIENS, LE SILENCE !
VIENS, LA FIN !
la fin du party,
la fin des temps,
la fin de cette joyeuse mascarade.
::: ::: :::
[Image: reading_is_dangerous en marin breton-chinois par reading_is_dangerous]
La peur, grande meneuse,
RépondreSupprimerLa mort, grande faucheuse.
A leur service, depuis l'orée des temps, l'instinct de survie.
Car l'homme n'est qu'un animal, doué d'une Conscience, sans exactitude sur la lecture de son histoire.
Oublieux, la tranquillité de l'esprit, à ce prix.
Taiseux, les remous d'autres part.
Miséreux, dans nos petitesses hyprocrites.
L'injustice à de belles heures devant elle, il suffit d'ouvrir les yeux.
//sucre et couleurs : ils sont les murs de la maison de la sorcière malveillante d'une fable oubliée...//
RépondreSupprimerJe ne mange jamais n'importe quoi bleu, jamais... et les mots du bleu royal semblent si doux...
Chien De Dragon
r_i_d,
RépondreSupprimergebid
menak parov
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerreading_is_dangerous
RépondreSupprimer//en marin breton-chinois//
as a sailor Breton-Chinese,
(so the translation goes)
You sail a rainbow-colored sea
with your canoe (is it still
plastic?), or you sail
just with your shoes?
(You seem to be standing
on the water)
You look so real here
(the fabric of your coat
I could touch and feel)
If you are ever wearing a mask,
you have masked the mask so well
I like this (your) self-portrait
very much. Your presence, so
tangible and your strength
very distinct and palpable,
despite the seeming turbulence
of the waves and winds
in the background
I wonder what those two
pink beams streaming through
your chest and above you could be
(That single earring on your
right ear makes you look "cool")
===
//Mascarade//
We are used to thinking that
we wear masks to hide
But now, I am starting to think
otherwise
I think that we wear masks more
to reveal what it is that we
do not have the courage to reveal
or to reveal what others may not be able to see if we were not masked
// I want a magician metamorphosis all of us; In this character that we dream of being; This suit
we chose for himself,
It is that which makes us dream.//
I like to wear this mask
The mask of our dreams
To reveal what it is that we love
more than any other
//The end of the party,
The end of time
The end of this joyful farce.//
It is time.
P.S.
RépondreSupprimer(How did the "reading"
in Montreal go? I wish I
could listen to it. This
poem has a valedictory ring
to it, which makes it good
to the ears.)
Pas mal du tout, vraiment -
RépondreSupprimerbelle façon de refaire, defaire, malaxer comme une pâte à modeler,
gifler les affreux avec des mots crochus, leur mettre des virgules sous les pattes ou finir la journée par un point,
trois petis points pour résumer l'homme et son fils la grenouille.
De mon côté, sorry pour le manque de temps, le manque de visites ici et là, ailleurs et tout.
En tout cas vraiment merci pour tes appreciations sur la biosphère, ça relance la machine qui tourne à vide.
Mais il faut de la matière, jeter un truc dedans pour produire.
Essayons d'y balancer des lettres de scrabble ;)
Ce texte est une bombe
RépondreSupprimerUne bombe déguisée en bonbon
Ni mur ni porte
je me costumerai en Sol et Gobelet
Laissons la véritable fête aux petits enfants
Laissons la chaussette vide pour les grands manants
Souhaitons-nous la paix
je suis venue sur cet ancien texte pour apaiser ma faim, c'est un texte remarquable. Bises.
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