samedi 24 février 2007

MES YEUX OUVERTS


aujourd’hui, c’est extraordinaire
je me lève à cinq heures trente de l’après-midi, un
record. Voyant qu’il neige, mais je n’en suis pas sûr, c’est en
examinant les feuilles cuivrées des platanes de devant
mon balcon que je peux établir en toute certitude
qu’il neige vraiment. Le thermercuromètre est
à plus deux

en bas, je vois un parapluie rose
des figures vêtues de noir
…c’est alors que je me souviens du concert qu’on donné
ce matin des corneilles, des choucas, vers sept heures
ces oiseaux par dizaines se rassemblent sur l’un des
platanes, toujours le même, noirs oiseaux
dont la pensée n’est sans doute pas si
loin de la nôtre, il ne manque qu’un
pont, un peu d’imagination pour
faire la traversée, je croah, je croah, croah
croah croaaaah
qu’elles se comptent et recomptent
chanceuses d’avoir survécu à l’hiver
“ce nid est à nous” dit cette paire
“l’arbre là-bas est à nous” dit cette autre paire
“nous sommes ici, nous sommes ici” répète en
coeur la nuée

noire nuée, clair matin, tardif éveil
mes yeux d’abord se sont portés sur un tableau au sein duquel j’ai
cru voir un singe gluant sur l’épaule d’une fille
“Je suis un ver” dit le primate, et sa fourrure tombe
son ventre prend une couleur blafarde, sa tête disparaît
“Je suis un collier de perles” dit le ver qui se referme sur mon
cou. J’étouffe, j’étouffe, la peau de mon visage passant par
l’écarlate vire finalement au gris. Mes yeux
ouverts, c’est une aubaine pour
mesdames les corneilles et messieurs les choucas

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[Image: Nid d’un an par reading_is_dangerous (24 fév. 2007)]

sur un seul arbre
sous un ciel indifférent
l'oiseau reviendra

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