chus percé
au plafond un trou
ch’tombe goutte à goutte
su’ ta tête, petite chèvre
des fromages à abeilles
puent la belette, les fracas
des chars qui se foncent dessus
pour te gagner, mon amour
ta langue est une guèpe
ben morte, emportée par le vent
j’la vois qui s’en va du plancher
le bois crie : Aye !
c’t’un banc de neige à épices
tu’l goûtes, ça t’fond dans bouche
comme une plante à jello, tu vois
ce que je veux dire
c’t’un jeu roche papier ciseaux
dans ton sac t’as un peu de chaque
pis une main que tu peux jouer
qui pogne la mise de l’autre
les mains viennent des Gidis
c’est pas facile d’en accrocher un
y a des Gidis bleus, des Gidis verts, des rouges
les plus rares sont blancs, et pis les violets !
ils te sautent au cou, les méchants
t’as le temps d’une dernière respiration
pis c’est fini, la main du Gidi t’a eu
te voilà dans l’autre monde
chus percé, un trou dans tête
ça coule à l’extérieur
chus par là-bas, dans une zone bizarre
où ce que les baleines chantent en bossant
elles vendent de l’or pis de l’argent
ça te coûte, mon ami
la richesse, c’est pas gratuit
c’est un secret pas mal ben cher
tu peux te pogner un œil qui voit
la mise de l’autre, roche papier ciseaux
comme ça tu sais quoi jouer à l’avance
pis tu gagnes toujours
petite chèvre débile, tu comprends rien
mais mes Gidis pis moi, tout ça
c’est ta maison, ta chambre, ton lit
ton estomac de douceur bien rempli
si je savais écrire des poèmes
si je pouvais t’enlever ton bikini
si j’avais tes fesses dans une main
si tu me disais : « C’est parti, mon kiki ! »
si la neige tombait dru
par le trou du plafond, sur ta langue
dans ton esprit, un flocon
l’explication universelle que t’espérais
chus une lampe qui fait du noir
chus une bombe qui donne de l’espace
chus une rivière escaladeuse
chus un train de mots qui fait tchou-tchou
sur le rail tu poses ton cou
la nuque ton dos tes reins la craque
le trou du plafond par lequel je passe
pour te dire coui-coui, chus un oiseau
mes ailes j’en ai trois
deux qui volent pis une de spare
dans la vie, faut rien attendre
mais tout est beau comme une ligne
j’avais des cheveux, ils sont partis
j’avais une façon de tourner mes phrases
j’avais du chien, un corps de cœur
du poumon pour crier contre la falaise
chus un coureur des bois, j’avale des flèches
la neige me glisse dessus, elle est gentille
je réfléchis pas avant de parler
chus un raisin qui tombe dans une bouteille
les lumières de Noël me disent combien
mon père, ma mère m’aiment
dans le salon la pile de cadeaux
chus encore là—déchire le papier, déchire !
j’ai jamais voulu faire du sens
parce que c’est clair que le monde en a pas
j’empile des mots jusqu’au plafond
pour le boucher, c’t’estie d’trou-là
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[Image :
Lustre chez M. l'Ambassadeur par reading_is_dangerous]